EXTRAITS DU SAINT CORAN

 

Extraits du Coran

 

La fatiha (1)

C'est la première sourate du Coran, littéralement "celle qui ouvre" ou "la liminaire". Cette invocation est la plus connue et la plus récitée dans l'islam, puisque chaque croyant la prononce au cours des cinq prières quotidiennes. Elle tient un peu, dans la dévotion musulmane, le rôle du "Notre Père" chez les chrétiens. La traduction utilisée est celle de Denise Masson (Gallimard).

Au nom de Dieu : celui qui fait miséricorde, le Miséricordieux.
Louange à Dieu, Seigneur des mondes, celui qui fait miséricorde, le Miséricordieux, le Roi du Jour du Jugement.
C'est toi que nous adorons, c'est toi dont nous implorons le secours.
Dirige-nous dans le chemin droit : le chemin de ceux que tu as comblés de bienfaits ; non pas le chemin de ceux qui encourent ta colère ni celui des égarés.

 

Le caillot de sang (96)

Chaque sourate (ou chapitre) du Coran porte un titre tiré du texte. La sourate 96, "Le caillot de sang", est considérée comme la première révélée à Mahomet par l'ange Gabriel, vers 610, au cours de ce que les musulmans appellent "la nuit du destin". Le premier mot Iqra ("Lis !" ou "Récite !") est de la même racine que le mot Coran (qur'an), qui signifie littéralement "récitation".

Lis au Nom de ton Seigneur qui a créé !
Il a créé l'homme d'un caillot de sang.
Lis !...
Car ton Seigneur est le Très-Généreux qui a instruit l'homme au moyen du calame, et lui a enseigné ce qu'il ignorait.
Bien au contraire !
L'homme est rebelle dès qu'il se voit dans l'aisance.
- Oui, le retour se fera vers ton Seigneur - (...)
.

 

Le tremblement de terre (99)

Cette sourate fait partie des plus anciennes révélées, du temps où Mahomet exerçait encore sa prédication à La Mecque. Comme la plupart des sourates "mecquoises", elle est très poétique, écrite dans une prose rimée. Ces premiers textes révélés contiennent souvent un appel à la conversion, avec une dimension cosmique et eschatologique, évoquant la fin des temps.

Au nom de Dieu : celui qui fait miséricorde, le Miséricordieux.
Lorsque la terre sera secouée par son tremblement ; lorsque la terre rejettera ses fardeaux ; lorsque l'homme demandera :
"Que lui arrive-t-il ?"
Ce Jour-là, elle racontera sa propre histoire d'après ce que son Seigneur lui a révélé.
Ce Jour-là, les hommes surgiront par groupes pour que leurs actions soient connues.
Celui qui aura fait le poids d'un atome de bien, le verra ; celui qui aura fait le poids d'un atome de mal, le verra.

 

Le culte pur (112)

Cette sourate est aussi appelée "affirmation de l'unité d'Allah". Elle est une proclamation du monothéisme pur de l'islam, en même temps qu'une réponse aux objections des chrétiens (allusion à la Trinité) et aux "associateurs", c'est-à-dire aux polythéistes qui associent d'autres divinités à Allah.

Au nom de Dieu : celui qui fait miséricorde, le Miséricordieux.
Dis :
"Lui, Dieu est Un !
Dieu !
L'Impénétrable !
Il n'engendre pas ; il n'est pas engendré ; nul n'est égal à lui !"

 

La table servie (5)

A Médine, après l'hégire, Mahomet devient le responsable d'une communauté qui s'organise. Il est aussi le chef d'une armée qui lutte contre les tribus de La Mecque.
Il est sollicité pour trancher des différends concernant des sujets aussi divers que le statut des femmes, l'héritage ou le partage du butin. L'islam devient un cadre social. Les sourates "médinoises" sont donc plus longues et axées sur des détails pratiques et juridiques.

C'est aussi l'époque de la rupture avec les tribus juives de Médine, auxquelles le prophète reproche de ne pas accueillir son message.

(...) 

Ô Prophète !

Ne t'attriste pas en considérant ceux qui se précipitent vers l'incrédulité ; ceux qui disent de leurs bouches : "Nous croyons !" alors que leurs cœurs ne croient pas ; ceux qui, étant juifs, écoutent habituellement le mensonge, ceux qui écoutent habituellement d'autres gens qui ne sont pas venus à toi.

Ils altèrent le sens des paroles révélées.
Ils disent : "Si cela vous a été donné, recevez-le ; sinon, prenez garde !"
Tu ne peux rien faire contre Dieu pour protéger celui que Dieu veut exciter à la révolte.
Voilà ceux dont Dieu ne veut pas purifier les cœurs : ils subiront l'opprobre en ce monde et un terrible châtiment dans la vie future.
Quant à ceux qui dévorent des gains illicites : juge entre eux, ou bien détourne-toi d'eux, s'ils viennent à toi.
Si tu te détournes d'eux, ils ne te nuiront en rien.
Si tu les juges, juge-les avec équité.
- Dieu aime ceux qui jugent avec équité -
Mais comment te prendraient-ils pour juge ?
Ils ont la Tora où se trouve le jugement de Dieu.
Ils se sont ensuite détournés : voilà ceux qui n'ont rien de commun avec les croyants.

(...)

Nous avons envoyé, à la suite des prophètes, Jésus, fils de Marie, pour confirmer ce qui était avant lui, de la Tora.
Nous lui avons donné l'Evangile où se trouve une Direction et une Lumière, pour confirmer ce qui était avant lui de la Tora : Une Direction et un Avertissement destinés à ceux qui craignent Dieu.
Que les gens de l'Evangile jugent les hommes d'après ce que Dieu y a révélé.
Les pervers sont ceux qui ne jugent pas les hommes d'après ce que Dieu a révélé.
Nous t'avons révélé le Livre et la Vérité, pour confirmer ce qui existait du Livre, avant lui, en le préservant de toute altération.
Juge entre ces gens d'après ce que Dieu a révélé ; ne te conforme pas à leurs désirs en te détournant de ce que tu as reçu de la Vérité.
Nous avons donné, à chacun d'entre eux, une règle et une Loi.
Si Dieu l'avait voulu, il aurait fait de vous une seule communauté.
Mais il a voulu vous éprouver par le don qu'il vous a fait.
Cherchez à vous surpasser les uns les autres dans les bonnes actions.
Votre retour, à tous, se fera vers Dieu ; il vous éclairera, alors, au sujet de vos différends.

(...)

Ô vous qui croyez !

Ne prenez pas pour amis les Juifs et les Chrétiens ; ils sont amis les uns des autres.
Celui qui, parmi vous, les prend pour amis, est des leurs.
- Dieu ne dirige pas un peuple injuste -

 

La Vache (2)

Cette sourate est la plus longue du Coran. Elle est considérée par la tradition comme la première révélée à Médine. Ces précisions sont importantes parce que l'exégèse coranique repose sur le principe "de l'abrogeant et de l'abrogé". Selon ce principe, quand deux versets sont en opposition, c'est le dernier révélé qui l'emporte et rend caduc le plus ancien chronologiquement. Cet extrait, fréquemment cité parmi les versets "durs" du Coran, est un appel aux armes avant la bataille contre les Mecquois.

Combattez dans le chemin de Dieu ceux qui luttent contre vous
- Ne soyez pas transgresseurs ; Dieu n'aime pas les transgresseurs - Tuez-les partout où vous les rencontrerez ;
chassez-les des lieux d'où ils vous auront chassés.
- La sédition est pire que le meurtre - Ne les combattez pas auprès de la Mosquée sacrée, à moins qu'ils ne luttent contre vous en ce lieu même.
S'ils vous combattent, tuez-les : telle est la rétribution des incrédules.
S'ils arrêtent, sachez alors que Dieu est celui qui pardonne, il est miséricordieux.

La même sourate contient l'un des versets les plus célèbres du Coran, le "verset du Trône". Il résume à lui seul toute la conception que le musulman se fait de Dieu. Il est souvent récité à la fin de la prière. On le trouve aussi sur les tombes et les mausolées. On y relève de nombreux thèmes bibliques, notamment présents dans les psaumes.

Ce verset est immédiatement suivi par l'un des passages les plus tolérants du Coran, très fréquemment cité, affirmant qu'on ne peut contraindre quiconque en matière de foi.

Dieu !

Il n'y a de Dieu que lui : le Vivant ; celui qui subsiste par lui-même !
Ni l'assoupissement, ni le sommeil n'ont de prise sur lui !
Tout ce qui est dans les cieux et sur la terre lui appartient !
Qui intercédera auprès de lui, sans sa permission ?
Il sait ce qui se trouve devant les hommes et derrière eux, alors que ceux-ci n'embrassent, de sa Science, que ce qu'il veut.
Son Trône s'étend sur les cieux et sur la terre : leur maintien dans l'existence ne lui est pas une charge.
Il est le Très-Haut, l'Inaccessible.
Pas de contrainte en religion !
La voie droite se distingue de l'erreur.

 

Ya Sin (36)

La sourate Ya Sin est l'une des plus connues du Coran. Son nom lui vient des deux lettres par lesquelles elle débute. Vingt-neuf sourates ont pour particularité de commencer par une succession de lettres isolées, dont l'origine reste mystérieuse. La fin de la sourate, que nous donnons ici, est récitée à côté des mourants.

L'homme n'a-t-il pas vu que nous l'avons créé d'une goutte de sperme ; et le voilà qui discute ouvertement !
Oublieux de sa propre création, il nous lance ce proverbe :
"Qui donc fera revivre les ossements alors qu'ils sont poussière ?"

Dis :
"Celui qui les a créés une première fois les fera revivre.
Il connaît parfaitement toute création.
C'est lui qui, pour vous, a dans l'arbre vert placé du feu dont vous utilisez la flamme."
Celui qui a créé les cieux et la terre ne pourrait-il pas les créer de nouveau ?

Mais oui !
Car il est le Créateur qui ne cesse de créer, celui qui sait tout.
Tel est, en vérité, son Ordre : quand il veut une chose, il lui dit : "Sois" et elle est.
Gloire à celui qui détient en sa main la royauté de toute chose !
Vous serez ramenés vers lui !

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU MONDE DU 07.10.01

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