ABDULLAH GÜL : NOUVEAU PREMIER MINISTRE

 

Abdullah Gül formera le nouveau gouvernement turc 

 

ANKARA (Reuters) - L'économiste Abdullah Gül a été chargé de former le nouveau gouvernement turc, moins de deux semaines après le triomphe de son parti, l'AKP, aux élections législatives du 3 novembre.

La composition du nouveau cabinet sera, quant à elle, dévoilée en tout début de semaine prochaine.

"Le moment est venu de se mettre au travail. Dès maintenant, il faut se mobiliser et travailler nuit et jour pour résoudre les problèmes que rencontre notre peuple", a dit un Gül souriant après avoir été mandaté par le chef de l'Etat, Ahmet Necdet Sezer. "Le gouvernement sera prêt lundi", a assuré le numéro deux du Parti de la justice et du développement.

Abdullah Gül, par ailleurs expert en politique étrangère, dirigera le premier gouvernement monolithique depuis des décennies en Turquie; l'AKP, avec ses quelque 34% de voix le 3 novembre, dispose de près des deux tiers des sièges au Parlement et n'a nul besoin de former une coalition.

Ce parti, que d'aucuns en Turquie qualifient d'"islamiste modéré", créé voici seulement un an, affiche des intentions nettement pro-européennes et son chef de file, Tayyip Erdogan, a annoncé samedi un programme d'urgence visant à aligner la Turquie sur les normes européennes en matière des droits de l'Homme.

Ce plan, dit-il, sera adopté d'ici un mois et visera, entre autres, à pénaliser "immédiatement" la pratique de la torture, réforme-clé exigée par l'Union européenne en préalable à l'ouverture de négociations sur l'adhésion de la Turquie.

Ankara espère ainsi conforter ses chances d'obtenir, lors du sommet européen de Copenhague en décembre, une date pour l'ouverture de telles négociations, la Turquie étant officiellement candidate à l'UE depuis 1999.

Erdogan, qui ne pouvait prétendre à devenir Premier ministre du fait de sa condamnation pour "sédition islamique" par la justice turque, entendait par la conférence de presse qu'il a tenue samedi matin - alors que Gül était reçu au palais présidentiel - rappeler son rôle prééminent sur la scène politique.

REFORME DE L'EDUCATION

C'est lui en effet qui a annoncé les inflexions que l'AKP entend donner à la politique turque dans les années à venir: outre un alignement sur les normes de l'UE quant aux droits de l'Homme, il a promis de mettre en oeuvre une série de réformes économiques destinées, d'une part, à juguler la crise financière du pays, et, d'autre part, à hâter son intégration européenne.

Ankara, a-t-il expliqué, entend accorder la priorité aux privatisations, à la réforme fiscale, à la vente d'avoirs bancaires.

Le gouvernement compte réformer le secteur énergétique, lutter contre l'inflation endémique et développer la concurrence.

Toutes les institutions étatiques devront, en outre, se "serrer la ceinture" : "Nous devons faire en sorte que des économies budgétaires soient réalisées", a-t-il dit.

En résumé, a-t-il exposé, "nous construisons un nouveau monde et ce nouveau monde rapprochera l'Est et l'Ouest en Turquie".

Certaines intentions du nouveau gouvernement seront suivies de près par le camp laïque et l'armée, notamment les réformes de l'éducation prônées par l'AKP, parti né sur les cendres d'un ancien parti islamiste interdit. L'AKP entend aussi s'attaquer au problème posés par les hôpitaux et par un système de sécurité sociale déficitaire.

Abdullah Gül, lui, fait figure au sein de l'AKP de "chouchou" des marchés financiers, qui craignent pour l'avenir du plan anti-crise d'un montant de 16 milliards de dollars mis en oeuvre sous la houlette du FMI.

L'approche nettement pro-européenne adoptée par l'AKP est illustrée par la tournée de six capitales de l'UE, dont Athènes, que doit entreprendre Erdogan la semaine prochaine. La Grèce sera une étape particulièrement importante, ce pays succédant le 1er janvier au Danemark à la présidence de l'Union pour six mois.

Pierre Lellouche, qui dirige la délégation française à une assemblée parlementaire de l'Otan réunie à Istanbul, a déclaré que l'Occident avait besoin d'"aider les pays musulmans modernes à développer une forme d'islam moderne et tolérant".

"Si nous éliminons cet espoir dans le pays musulman même qui a une tradition de laïcité (la Turquie), nous fabriquerons nous-mêmes un islam antioccidental dans ce pays(...)", a-t-il estimé.

 

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