RICHESSE BOTANIQUE

 

L'inventaire botanique de la Turquie révèle une grande richesse, en danger

La récente publication par le Fonds mondial pour la nature (WWF) d'une taxinomie extensive de l'écologie de la Turquie révèle une extraordinaire biodiversité, dont l'habitat est toutefois menacé, selon les défenseurs de l'environnement.

"Le nombre total d'espèces végétales en Europe est de 12.OOO, et la Turquie en possède 10.765 espèces, sous-espèces et variétés. Elle est donc de loin la plus riche zone (...) de la zone tempérée", selon Sema Atay, co-rédactrice de cette recherche.

Et "plus d'un tiers de ces plantes est unique à la Turquie", ajoute-t-elle, précisant que l'inventaire n'est pas terminé puisque "une nouvelle espèce est découverte tous les cinq jours et demi en Turquie".

Le WWF-Turquie, affilié à l'organisation internationale de défense de la nature, a établi une liste de 122 "zones végétales importantes" (Important plant area, IPA), couvrant près d'un huitième du territoire du pays avec une surface de près de 110.000 kilomètres carrés.

Le concept de "zone végétale importante" est né en 1995, lors de la conférence européenne "Planta" regroupant des organisations et agences de tout le continent européen pour protéger les espèces menacées et leur habitat.

Selon l'organisation, 94% de ces zones végétales importantes sont sous le coup d'au moins une menace, et 75% d'entre elles connaissent plusieurs dangers.

Classées selon leur état "critique", "urgent" ou "modéré, ces zones sont pour la plupart situées sur les bandes côtières, mais aussi dans les grands centres urbains.

Le site de Tahtalidag, près d'Anatalya (centre du tourisme, au sud du pays), dénombre ainsi 98 espèces menacées, dont 97 ne se trouvent qu'en Turquie.

La métropole stanbuliote, où le WWF dénombre pas moins de six zone végétales importantes, est également particulièrement en danger en raison de la densité de sa population.

La Turquie est connue depuis des siècles pour ses plantes à bulbes, depuis la tulipe mise à l'honneur par le sultan Soliman le magnifique (1520-1566) et introduite en Europe pour être cultivée en Hollande par un botaniste français qui y crée la bulbiculture.

Ces espèces sont pour la plupart protégées et leur exportation est sévèrement contrôlée, parfois interdite comme pour les orchidées.

"Nous avons prouvé avec le programme de culture du perce-neige géant dans le Taurus qu'il est possible de protéger les espèces tout en faisant la prospérité des habitants", raconte Sema Atay.

Mais les espèces les plus exposées sont les plantes dites médicinales, dont la Turquie est le troisième exportateur au monde après la Chine et l'Inde, en tirant des revenus qui dépassent les 50 millions de dollars.

C'est pourquoi le WWF appelle à la mise en place de programme de culture, plutôt que le ramassage sauvage, et attire l'attention sur le respect des conventions internationales par la Turquie.

(AFP, 18 juin 2003)