Le grand rabbin de Turquie, David Asseo, est mort dimanche 14 juillet, à Istanbul, à l'âge de 88 ans. A la tête de la communauté juive depuis quarante et un ans, il aura été un des principaux artisans du dialogue interreligieux dans le pays. Malade depuis deux ans, il n'avait pu pleinement exercer ses fonctions depuis plusieurs mois. Près de 500 personnes ont assisté à l'office religieux célébré à la synagogue Neve Shalom, mercredi, en présence des représentants des différentes communautés religieuses dont le patriarche orthodoxe Bartholomew. Le chef de la communauté juive a ensuite été inhumé à Ulus, le plus grand cimetière juif d'Istanbul, situé dans la partie européenne, au nord de la métropole.

Autorité respectée, David Asseo s'engagea de manière répétée en faveur de la tolérance spirituelle et du rapprochement entre les religions. Entretenant des contacts réguliers avec les autorités islamiques, les représentants du Vatican et les patriarcats de la communauté grecque et arménienne, il était devenu une personnalité incontournable dans le landerneau confessionnel. Pour les autorités turques, il était le Hahambachi, une combinaison entre "l'homme sage" en hébreu et "le chef" en turc. A l'époque ottomane, les juifs s'étaient vu interdire l'utilisation du terme "rabbin", "Rab" étant un des noms d'Allah en arabe.

Né à Istanbul en 1914, David Asseo a étudié à l'école juive de l'île de Rhodes. Il a obtenu en 1933 un diplôme lui permettant d'enseigner l'hébreu et des sujets de la théologie juive. Après son service militaire, il est entré, en 1936, au Bet Din. En 1961, il est coopté à vie par le conseil rabbinique, lui-même élu par les fidèles mâles. David Asseo parlait hébreu, français, italien, grec et ladino, une langue médiévale parlée par les juifs espagnols. "Un homme sage et pondéré qui a consacré toute sa vie aux études religieuses", résume un proche du défunt. Le président turc, Ahmet Necdet Sezer, a adressé ses condoléances aux 25 000 membres de la communauté juive en leur faisant part de "sa profonde tristesse". Le premier ministre, Bülent Ecevit, a, quant à lui, déclaré que David Asseo était "un religieux d'une grande finesse, défendant la compréhension interreligieuse".

Nicolas Bourcier