CINEMA
Avec
une sélection de 7 longs-métrages et 8 courts-métrages, cette semaine est
consacrée au cinéma turc en Europe, ou pour mieux dire aux cinéastes d’origine
turque, vivant et travaillant dans certains pays européens (Allemagne,
Angleterre, Italie et, dans une moindre mesure, France). Elle devrait mettre
en lumière un phénomène que nous avions constaté et souligné à plusieurs
reprises : l’émergence d’une génération (première ou seconde) de créateurs
implantés en terre d’immigration et oeuvrant à illustrer par l’image les
situations d’exil, de double culture, de métissage, ou les différentes phases
de l’intégration.
Il y a de bonnes raisons pour mettre en relief un mouvement qui n’en est qu’à
son début. D’une part parce que le cinéma, malgré cette percée tardive, fait
figure d’art pionnier et que les autres disciplines en sont encore à des
productons très limitées, pas toujours dégagées de références exclusives au
pays d’origine.D’autre part parce que l’on a tendance, en France tout
particulièrement (mais les Indo-Pakistanais ont un peu la même situation
monopolistique en Angleterre), à traiter de façon quasi hégémonique les
artistes d’origine maghrébine, bénéficiant d’une antèriorité, d’une
supèriorité numérique et d’une plus grande proximité linguistique et
culturelle et donc à considérer la communauté turque comme encore marginalisée
ou très peu offensive dans les diverses disciplines artistiques.
La sélection fera bien sùr une place de choix aux “locomotives”, réalisateurs
consacrés qui ont déjà acquis une renommée internationale par l’entremise de
nombreux festivals :
- Ferzan Ozpetek, très investi en Italie, avec Le dernier harem (1999),
Tableau de famille (2001), La fenêtre d’en face ( 2003) qui
devrait être présent à la manifestation, ainsi que son interprète favorite
Serra Yilmaz qu’il fit tourner auprès de Valéria Golino, Marie Gilain, Stefano
Accorsi, Giovanni Mezzogiorno ou Massimo Girotti ;
- Fathi Akin, nouvel enfant terrible et adulé du cinéma turco-allemand avec
Head on (2004) et Crossing the bridge (2005) ;
- des réalisateurs à découvrir comme Kutlug Ataman (Lola et Bilidikid,
1998) ou Thomas Arslan ( Dealer, 1999) et une sélection de courts
métrages constituant un panorama de jeunes talents prêts à se faire une place
à part entière sue les écrans de demain : Murat Kebir, Burcu Ozalp, Devrim
Alpoge, Kerem Ayan, Cem Kaya, Doga Kilcioglu, Bengisu Gencay.
Cette programmation d’une exceptionnelle qualité devrait faire accourir le
public turc et notamment les jeunes générations immigrées en quête d’identité
et désireuses de relever de nouveaux défis et un plus large public de
cinéphiles et de curieux, soucieux de diversité culturelle.
Un seul regret à formuler (mais sans doute est-il politiquement incorrect),
l’absence de réalisateurs d’origine kurde de la trempe de Hiner Saleem (Vive
la mariée… et la libération du Kurdistan, 2000, Kilomètre zero,
2005) ou Yilmaz Arslan, auteur du récent (et féroce) Frères d’exil
(2006).
Cinéma Le Quartier Latin
9, rue Champollion
75005 Paris
Tél. : 01 43 26 84 65
Contact : Elele
20, rue de la Pierre Levée
75011 Paris
Tél. : 01 43 57 76 28
Fax : 01 43 38 01 32