Turquie: une réforme met fin à la suprématie masculine dans le mariage

 

ANKARA (AFP) - Les députés turcs ont adopté jeudi une importante réforme du code civil qui met notamment fin à la suprématie masculine dans le mariage, dans un pays musulman au régime laïque et candidat à l'Union européenne.

Le nouveau code supprime un article proclamant que "l'homme est le chef de l'union matrimoniale".

Autre changement significatif: tous les biens acquis lors d'un mariage seront communs au couple, alors qu'actuellement, ils appartiennent à celui au nom duquel ils ont été enregistrés.

Les femmes n'auront plus besoin d'une autorisation de leur mari pour exercer un travail rémunéré, à condition que cela ne remette pas en cause "l'harmonie de leur alliance".

Elles pourront garder leur nom en l'accolant à celui de leur époux. Ce dernier pourra abandonner son nom pour celui de son épouse.

L'âge légal pour pouvoir se marier est porté à 18 ans pour tous, contre 15 ans pour les femmes et 17 ans pour les hommes actuellement.

En cas de divorce, les époux auront le droit de réclamer une pension alimentaire.

Le code facilite en outre la procédure légale pour l'adoption et protège les droits des enfants nés hors mariage, qui pourront également réclamer des droits d'héritage.

Les couples ayant des enfants auront également le droit à l'adoption.

Le nouveau code civil entrera en vigueur l'an prochain, une fois approuvé par le président de la République.

Le ministre de la Justice, Hikmet Sami Turk, qui a farouchement défendu le projet, débattu depuis deux ans dans différentes commissions parlementaires, a salué le vote au parlement.

"La grande révolution juridique de 1926 a ainsi été renouvelée au XXIème siècle", a-t-il dit aux journalistes.

Le code civil turc a été adopté en 1926, trois ans après la proclamation de la République par Mustafa Kemal Ataturk sur les ruines de l'empire Ottoman au régime théocratique.

Bien que les femmes jouissent depuis des décennies de droits assez vastes en Turquie, notamment dans les grandes villes où elles sont présentes dans tout les échelons de la vie sociale et administrative, ils sont encore souvent bafoués dans les campagnes, et notamment dans le sud-est où subsiste un système féodal toléré par le pouvoir central.

jeudi 22 novembre 2001, 16h04