FOOTBALL: CONFLIT DIPLOMATIQUE

 

Ligue des champions - AS Rome-Galatasaray - Cem évoque "l'Italie fasciste"

ANKARA, 14 mars (AFP) - Le chef de la diplomatie turque Ismail Cem a violemment dénoncé les incidents survenus mercredi soir à Rome, après le match AS Rome-Galatasaray (1-1), comptant pour la 5e journée de la 2e phase de la Ligue des Champions de football, estimant que l'attitude de la police italienne rappelait "l'Italie fasciste de Mussolini".

"C'est très grave", a-t-il déclaré devant la presse à Ankara. "On se croirait dans l'Italie fasciste de la période Mussolini et non pas en 2002", a-t-il dit d'un ton grave.

Il a jugé "honteuse" l'attitude de la police et des joueurs italiens.

"Cette police, qui n'a aucune pitié et qui a matraqué nos joueurs devant les vestiaires, ne peut être que celle de Mussolini", a insisté le ministre.

Il a indiqué que les autorités turques avaient, avant le match, demandé aux responsables italiens de prendre les mesures de sécurité nécessaires dans le stade. "Hélas, ce dont nous avions peur est arrivé", a-t-il ajouté.

Au coup de sifflet final de l'arbitre, certains joueurs et responsables des deux équipes ont mis le feu aux poudres en échangeant des insultes, juste en dessous de la tribune officielle.

Matraque en mains

Les stadiers ont été vite débordés, laissant la place à un peloton de policiers casqués, en tenue anti-émeute, intervenus pour ramener le calme, matraque en mains.

Après une bonne dizaine de minutes d'une confusion extrême, les joueurs turcs, retenus sur le terrain, ont finalement pu regagner les vestiaires entourés d'un épais cordon de policiers, sous les sifflets et les insultes d'une bonne partie du public.

Selon les images des télévisions turques, plusieurs joueurs et un entraîneur de l'équipe stambouliote ont reçu des coups de matraque.

M. Cem a indiqué que la police italienne avait tenté de confisquer les passeports de certains joueurs turcs, mais que cela avait été empêché après une intervention de l'UEFA et de l'ambassadeur turc à Rome, Necati Utkan.

"L'ambassadeur italien m'a téléphoné pour me donner des garanties que les joueurs et les responsables du club pourraient quitter Rome sans problème", a-t-il dit.

"Ces incidents honteux se sont déroulés devant les yeux de tout le monde. Nous condamnons avec la plus grande fermeté les responsables de ces incidents et sommes déterminés à entreprendre toutes les démarches possibles", a-t-il ajouté.

Attitude "barbare" des carabiniers

"Nous allons remettre une lettre de protestation (à l'Italie) et demander que les responsables de cet incident regrettable soient punis", avait-il dit, jeudi matin, à l'agence turque Anatolie.

Abdurrahman Albayrak, un responsable de Galatasaray, a indiqué sur la chaîne d'information NTV que plusieurs joueurs de son club, notamment Mondragon, Perez et Emre, avaient été blessés par des coups de matraque, dénonçant l'attitude "barbare" des carabiniers italiens.

La presse turque de son côté fustigeait le "scandale" vécu au Stade Olympique de Rome, soulignant que les "attaques" des joueurs italiens contre ceux de Galatasaray sont restées "sans réponse" de la part de la police italienne.

"Scandale à Rome", titrait à la une le journal libéral Milliyet. "Le visage hideux de l'Italie", relevait pour sa part le journal à grand tirage Sabah.

Un autre journal à gros tirage, Hurriyet, titrait: "Scandale à l'italienne, des coups de matraque pour Cim Bom" (surnom de Galatasaray).

Ce journal souligne que "quand les Italiens n'ont pu vaincre Galatasaray, ils ont attaqué", publiant des photos des joueurs du club turc, Capone et Berkant, gisant le visage crispé par terre après "une attaque des policiers italiens".

Galatasaray devait quitter Rome pour Istanbul vers 08h30 GMT, selon l'agence turque Anatolie