Naim SULEYMANOGLU: l'hercule de poche

 

Fort comme un Turc !


© Getty Images/BRUTY Simon
23 janvier 2007

On peut dire que Naim Suleymanoglu est né avec un haltère dans les mains ! En effet, cet haltérophile de 1,58 m a établi son premier record à 15 ans en soulevant un poids de catégorie adulte. Petit par la taille, mais grand par la force, Naim Suleymanoglu a marqué l’histoire olympique. Ses 40 ans sont l’occasion idéale de revenir sur la grande carrière de ce petit athlète.

Les Jeux à bout de bras
En 1984, le jeune Bulgare se prépare pour les Jeux Olympiques de Los Angeles. Malheureusement, la Bulgarie décide cette même année de boycotter les Jeux, privant Naim de ce qui aurait dû être sa première participation olympique. Déçu, il quitte son pays natal et prend la nationalité de ses parents. En 1986, il s’installe en Turquie et peut alors représenter ce pays aux prochains Jeux Olympiques.

Ainsi, en 1988, Naim Suleymanoglu s’envole vers Séoul pour défendre son pays d’adoption lors des Jeux de la XXIVe Olympiade. Inscrit dans la catégorie « poids plume », il lui suffira de seulement deux essais pour battre deux records du monde : 152,5 kg à l’arraché et 190 kg à l’épaulé-jeté. Il termine cette épreuve sur la plus haute marche du podium, soulevant 30 kg de plus que le Bulgare Stefan Topurov, classé deuxième. Il réalise même un meilleur résultat que le champion olympique de la catégorie supérieure : la somme des poids combinés est de 2,5 kg plus lourde que celle de Joachim Kunz, vainqueur des « poids légers ». L’haltérophile turc conclut ses premiers Jeux l’or au cou.

Après une série de victoires, Suleymanoglu perd aux derniers Championnats d’Europe face au Bulgare Nikolay Peshalov. Il semble être sur une pente raide. Mais quatre ans plus tard aux Jeux de Barcelone, il se relève et réitère sa performance de Séoul, remportant une nouvelle fois l’or olympique. En finale, il soulève 15 kg de plus que Nikolay Peshalov.

À Atlanta en 1996, le double champion olympique revient pour ses troisièmes Jeux. Toujours dans la même catégorie, il se fait cette fois doubler à l’épaulé-jeté par le Grec Valerios Leonidis. Il se reprend alors en soulevant 147,5 kg à l’arraché et totalise au final 335 kg. Il décroche ainsi sa troisième médaille d’or en trois éditions des Jeux.

En 2004 à Sydney, Naim Suleymanoglu essaie de défendre son titre, en vain. Après trois essais infructueux à l’arraché sur une barre de 145 kg, il est éliminé de la compétition.

Une discipline herculéenne
À seulement 16 ans, Naim Suleymanoglu devient le deuxième haltérophile capable de soulever trois fois son poids à l’épaulé-jeté. Cet exploit annonce le début d’une des plus belles carrières de l’haltérophilie. Souvent perçue comme simple, cette discipline ne l’est pourtant pas. Elle requiert rapidité, technique, concentration et synchronisation. Naim Suleymanoglu illustre parfaitement la complexité de ce sport. Il a su établir un équilibre solide entre son mental et sa force physique, de telle manière qu’au moment précis tout son être s’accorde et se concentre sur un seul objectif : soulever la barre.

En plus de ses 16 titres de champion du monde, Naim Suleymanoglu a totalisé trois médailles d’or en trois Olympiades. Il a ainsi marqué l’haltérophilie autant que l’Olympisme et a contribué à moderniser ce sport aussi vieux que l’humanité.
 


Naim SULEYMANOGLU
Un Hercule de poche

Naim Suleymanoglu, né de parents turcs en Bulgarie, mesurant à peine 1,47m, s'est vite fait remarquer par ses capacités d'haltérophile. Il a établi un premier record correspondant à des performances d'adulte à l'âge de 15 ans seulement. En 1984, âgé de 16 ans, il est devenu le deuxième haltérophile capable de développer trois fois le poids de son corps à l'épaulé-jeté. Mais la Bulgarie ayant boycotté les Jeux Olympiques cette année-là, Suleymanoglu ne put pas faire admirer son talent. Néanmoins, quelques semaines après les Jeux de 1984, il souleva 30kg de plus que le champion olympique, dans sa catégorie de poids. En 1986, Suleymanoglu fit défection et s'installa en Turquie, et il put représenter ce pays aux Jeux Olympiques de 1988. S'alignant en catégorie poids plume, il établit un double record du monde à l'arraché et à l'épaulé-jeté, remportant le titre olympique en soulevant 30kg de plus que le médaillé d'argent. En fait, le total combiné de Suleymanoglu dépassait le total correspondant du champion olympique dans la catégorie poids légers. Le règne sans défaite de Suleymanoglu dura 8 ans et demi, et cet haltérophile de poche s'inclina finalement devant le Bulgare Nikolay Peshalov, à l'occasion des championnats d'Europe. Trois mois plus tard, aux Jeux Olympiques de Barcelone, Suleymanoglu renversa la situation et battit Peshalov en soulevant 15kg de plus que lui. A Atlanta, Suleymanoglu livra un duel homérique au Grec Valerios Leonidis et remporta un troisième titre olympique en battant son propre record du monde. Suleymanoglu tenta en vain de conquérir un quatrième titre à Sydney, mais il fut éliminé après trois tentatives infructueuses à l'arraché, sur une barre de 145kg.
 


Le plus titré des haltérophiles mondiaux, Naim Suleymanoglu (Turquie), surnommé l'hercule de poche, a quitté la scène olympique, dimanche, après ses trois victoires consécutives, sur un zéro dans la catégorie des moins de 62 kilos. Sa carrière est ponctuée par 50 records mondiaux..

17 septembre 2000
Par ROBERT PARIENTE
Pour Sports.com, à Sydney

Naim Süleymanoglu Naim Suleymanoglu, le plus titré des haltérophiles, surnommé "l'hercule de poche", en raison de sa petite taille (33ans, 1,58m) et de sa fabuleuse puissance, n'a pu accomplir, à l'image du demi-dieu mythique de l'antiquité, l'intégralité de ses travaux. S'attaquant d'entrée, dans la catégorie des 62 kilos, à une barre de 145 kilos, à l'arraché, Naim n'a pu se relever sous cette charge, la même qu'il soulevait naguère sans difficulté.

Né en 1967, en Bulgarie, dans une communauté d'origine turque musulmane, Suleymanoglu révéla très tôt ses dons exceptionnels de force. Il aurait pu, dès 1984, à 17 ans, devenir champion olympique des moins de 56 kilos, si la Bulgarie n'avait pas boycotté les J.O. de Los Angeles.
Champion du monde à 18 ans, en 1985, Suleymanoglu, comme de nombreux membres de la communauté musulmane, décida de s'évader de l'univers bulgare et de ses contraintes discriminatoires: en 1986, au cours d'un déplacement à Melbourne, il échappa à la surveillance de ses entraîneurs et, passant par la porte de service d'un restaurant chinois, il se cacha chez un ami turc, avant d'obtenir le droit d'asile en Turquie.

Cet épisode, digne d'un romain noir, lui fermait les portes de toutes les compétitions internationales. Mais les dirigeants turcs possédaient des arguments sonnants et trébuchants qui allaient convaincre les Bulgares. La naturalisation, et donc le transfert de Suleymanoglu, se négocia à hauteur d'un million de dollars (7,4 millions de francs actuels).
Dès 1987, Naim confirma sa suprématie mondiale. Champion olympique en 1988, sous ses nouvelles couleurs, il le fut encore en 1992 et en 1996, devenant ainsi le premier haltérophile trois fois titré consécutivement aux J.O.

Fort également de ses 16 titres mondiaux, de ses 50 records mondiaux, Suleymanoglu était devenu un héros national, nimbé d'une aura d'invincibilité.
Il avait pris, hélas, la décision de faire un combat de trop, surestimant sans doute ses capacités du moment.
Mais, par un curieux revers de médaille, la veille de la chute de Naim, les Turcs avaient pu célébrer la naissance d'une nouvelle idole en la personne de Halil Mutlu, devenu champion olympique en 56 kilos.

 

 

Retour: "Les Turcs connus en France"