TURQUIE :
TERRE DE MYTHES ET DE LÉGENDES
LE BOSPHORE
Ce nom vient du grec Bous Poros qui signifie "le gué de la vache".
Voici la charmante histoire mythologique à l'origine de ce curieux nom: Zeus coule des jours heureux avec Io lorsque Héra, son épouse légitime donne l'ordre aux nuages qui cachent l'amour de Zeus et Io de disparaître. Zeus a juste le temps de changer sa maîtresse en une ravissante génisse! Quel mal y a t-il à tenir compagnie à un tel animal?
Hélas, Héra, trop habituée aux frasques de son divin époux, ne s'en laisse pas compter, se fait offrir la jolie bête en présent et la confie au garde Argus. Mais Hermès, sur ordre de papa Zeus, tue le garde. Furieuse, Héra jette alors sur Io un taon qui la rend folle et la contraint à errer jour et nuit sans repos; dans sa course, elle traverse un détroit qui prendra le nom de "gué de la vache", le Bosphore.
NOMS DE VILLES
Les noms des principales villes du monde telles que PARIS, ANTIOCHE, TROIE et même le nom du continent EUROPE ont pour origine l'Anatolie.
DIOGÈNE
Diogène (413-327) dit de Sinop, surnommé par Platon "le Socrate furieux". Originaire de Sinop sur les bords méridionaux de la Mer noire en Turquie, Diogène est une mine d'anecdotes qui nous aident à mieux comprendre la philosophie cynique.
La légende en fait un mendiant surnommé le Chien, à la recherche dune vie ascétique, vivant dans un tonneau et méprisant richesses et honneurs. Il se promenait dans les rues, une lanterne allumée à la main en plein jour, disant : "Je cherche l'homme", ce qui est une façon de dire qu'on ne peut jamais voir ni trouver l'idée d'homme. Alexandre le grand en personne vint lui rendre visite et à sa proposition: "Demande moi ce que tu veux, tu l'auras" ; Insolent, Diogène répond "Ôte-toi de mon soleil". D'après Plutarque, le mépris que lui témoignait Diogène lui inspira une telle admiration pour la fierté et la grandeur de cet homme qu'aux gens de sa suite qui, en se retournant, se moquaient et riaient de Diogène, il répliqua : Eh bien, moi, si je n'étais pas Alexandre, je voudrais être Diogène.
Diogène vivait avec le minimum : un manteau pour se vêtir et dormir, un gobelet pour boire et une écuelle pour manger. Ayant vu un enfant mettre des lentilles sur un morceau de pain et boire de l'eau dans le creux de la main, il jeta gobelet et écuelle, voulant se passer de tout ce qui n'est pas absolument nécessaire. Il pratiquait la masturbation en public et il répondait à celui qui le lui reprochait : "Si je pouvais ainsi apaiser ma faim en me frottant l'estomac !" Mangeant et dormant n'importe où, il se roulait dans le sable brûlant l'été et dans la neige l'hiver afin de s'accoutumer aux variations de température.
LE NUD GORDIEN
Dans le temple de Zeus à Gordion (Asie mineure, aujourd'hui Yassihöyük non loin de Ankara), Alexandre Le Grand trancha d'un coup d'épée "le nud gordien", dont un oracle disait que celui qui le dénouerait deviendrait le maître de l'Asie.
Ce lien inextricable fixait le joug au timon du char de Gordias, roi de Phrygie; au lieu de le dénouer, exploit irréalisable, Alexandre le trancha en 333 av. JC.
Le double nud des tapis turcs appelé "Gördes dügümü" représente l'expression désignant le nud gordien.
DEUX MERVEILLES DU MONDE
Deux des sept Merveilles du monde antique se trouvent en Turquie. Il s'agit du temple d'Artémis d'Ephèse (Efes) et du mausolée d'Halicarnasse (Bodrum), dont malheureusement il ne reste plus grand chose.
Le mausolée d'Halicarnasse Le temple d'Artemis
CONCOURS DE BEAUTÉ EN TURQUIE
Le tout premier concours de beauté a bel et bien eu lieu en Turquie ! Souvenez-vous de l'histoire du jeune troyen Pâris.
En effet, à Pâris se rattache l'histoire d'un jugement célèbre. Lorsque Pélée et Thétis célèbrent leurs noces, tous les Dieux furent invités à l'exception d'Éris, déesse de la Discorde. Furieuse de cette omission volontaire, le déesse jeta une pomme d'or parmi les convives avec cette inscription : "A la plus belle". Aussitôt, Aphrodite, Athéna et Héra revendiquèrent cette prodigieuse épithète. Pour les départager, Zeus en appela au jugement de Pâris. Les trois déesses se présentèrent devant lui, dans leur nudité. Héra lui promit la souveraineté sur l'Asie, Athéna la gloire des guerriers, et Aphrodite la plus belle des femmes. C'est à cette dernière que Pâris offrit la pomme. Afin d'exaucer sa prophétie, la déesse le protégea et lui permit d'enlever Hélène, épouse de Ménélas, roi de Sparte : telle fut l'origine de la guerre de Troie.
LE CHEVAL DE TROIE
Vous souvenez-vous de Homère et de L'Iliade et l'Odyssée? ...Et Giraudoux qui avait écrit "La guerre de Troie n'aura pas lieu"? Allez, nous allons vous rafraîchir la mémoire ! :-))
Le jeune Pâris, troyen, choisit Aphrodite comme déesse protectrice de la cité en échange de l'assurance d'être aimé par la plus belle femme du monde. Pour Paris, la plus belle femme est Hélène, femme du roi grec Ménélas. Il décide de l'enlever et la ramène à Troie. Ménélas, assisté de son frère Agamemnon, et de bien d'autres grecs décident de punir les troyens. Pendant dix ans, les Grecs vont faire le siège de la cité troyenne sans parvenir à entrer. Ulysse, stratège grec, imagine de créer un cheval en bois et d'y faire entrer quelques soldats grecs afin qu'une fois dans la place,ils leur ouvrent les portes. Ainsi, les Grecs ont pu entrer et détruire entièrement la ville de Troie !
Pour l'anecdote sachez en outre que Mehmet II après la prise de Constantinople, vint se recueillir sur le site de Troie en disant qu'à présent la ville était vengée !
La ville de Troie se situe à l'extrémité nord-ouest de la Turquie.
LA LÉGENDE DU ROI MIDAS
Du fleuve Pactole...
Selon Ovide, un jour, des paysans phrygiens trouvèrent un vieillard obèse et couronné de roses, affublé d'une queue de cheval et ivre mort. Ils le conduisent à Midas, roi de Phrygie qui reconnaît, dans le vieillard, Silène, le compagnon et le précepteur de Dionysos, dieu du vin. En son honneur, Midas donna une joyeuse bacchanale, puis le roi conduisit son hôte auprès de Dionysos.
Heureux de retrouver son ami, le dieu invita Midas à formuler un vu. S'adressant à Dionysos, Midas lui dit alors : "Fais que tout ce que je toucherai se transforme en or. " Dionysos accéda au désir du roi. Impatient, Midas voulut éprouver son pouvoir et arracha une branche à un chêne; aussitôt, elle se mua en or. Il prit une pierre; elle se transforma en pépite. Il en fut de même d'une motte de terre, d'un épi, d'une pomme, de la porte du palais et de l'eau quand Midas voulut se laver les mains. L'infortuné éprouva une désagréable surprise lorsqu'il se mit à table le pain, la viande se changèrent en or. Angoissé, Midas supplia Dionysos de lui pardonner et de le délivrer. Dionysos l'entendit et lui conseilla alors pour se défaire de ce don de se laver dans le fleuve Pactole (au nord-est de l'Izmir actuelle) qui à partir de se moment se remplit de paillettes dor. un pactole en français est une source de richesse.
... au bonnet phrygien
Un jour, Midas fut témoin d'une curieuse rivalité qui opposait Pan, dieu des bergers à Apollon lors d'un concours de musique. Lorsque Tmolos, le juge, attribua le prix à Apollon, Midas exprima son désaccord. Pour le punir, Apollon transforma les oreilles de Midas en oreilles d'âne! Midas pour cacher sa disgrâce portait jour et nuit, un bonnet conique maintenu par deux bandeaux noués sous le menton qui dissimulait ses oreilles. Pourtant, un homme, l'esclave chargé de coiffer et de raser le roi, les avait vues. II n'osait pas répandre la nouvelle et son mutisme lui pesait. Un jour, n'y tenant plus, il creusa un trou sur le bord d'une rivière et lui confia son secret. Peu après, des roseaux poussèrent à cet endroit; agités par la brise, ils répétaient à tous les échos la phrase: " Le roi Midas a des oreilles d'âne."
Ce bonnet devint le symbole des esclaves libérés; un symbole de la Liberté qui deviendra très tôt le symbole de la République française.
LE BONNET PHRYGIEN DE MARIANNE
Le Bonnet phrygien de Marianne est un bonnet qui vient de Turquie, de la Phrygie. Ce bonnet était le symbole des esclaves affranchis (voir la légende du roi Midas), c'est la raison pour laquelle les révolutionnaires français le reprirent comme emblème et qu'il devint l'un des symboles de la République Française.
ÊTRE RICHE COMME CRÉSUS
Roi légendaire de Lydie (en Turquie) au VIème siècle de notre ère, Crésus devait sa richesse aux sables aurifères du Pactole, rivière dont les flots roulaient des paillettes d'or depuis que le roi Midas, celui aux oreilles d'âne, s'y était baigné pour se rincer et ainsi perdre son pouvoir de transformer en or tout ce qu'il touchait, même la nourriture et la boisson, ce qui le faisait mourir de faim et de soif.
Crésus, profitant de ses richesses, voulut éblouir par ses trésors et ses palais le philosophe athénien Solon, se vantant d'être l'homme le plus heureux car le plus riche; le sage Solon lui dit que nul homme ne peut dire s'il a été heureux qu'au moment de mourir. Comme si cette parole devait être prémonitoire, les malheurs commencèrent à s'abattre sur Crésus et sa famille.
Il perdit en effet un de ses fils, Atys, victime d'un accident de chasse, et son second fils devin muet sans raison.
Plus tard, s'étant fié à l'oracle de Delphes qu'il n'avait pas su interpréter, Crésus se lança dans une guerre dont le but était de venger le roi des Médès qui avait été renversé par son petit-fils Cyrus.
Vaincu, il vit sa capitale mise à sac et fut sauvé in extremis de la mort par son fils muet qui, de frayeur, retrouva soudain l'usage de la parole pour le prévenir du danger.
Fait prisonnier par Cyrus, il fut condamné au bûcher; au moment de mourir dans les flammes, il se souvint du sage Solon et s'écria par trois fois les paroles du philosophe: "Ne dis personne heureux avant la fin."
Cyrus l'entendit, voulut comprendre le sens de ces paroles et, réfléchissant sur l'instabilité des grandeurs humaines, décida de lui sauver la vie, d'en faire son conseiller et son ami.
Crésus réclamant le tribut à un paysan de Lydie
L'ORIGINE DE LA MONNAIE
On fait généralement remonter l'invention des premières véritables pièces de monnaie au VIIème siècle avant J.C.. Les pièces de monnaie seraient ainsi nées au fond du Pactole, célèbre fleuve du royaume de Lydie (en actuelle Turquie), qui charriait de petites pépites ovales composées d'un alliage naturel d'or et d'argent. Le roi Gigès fit circuler dans tout l'Orient ces petites pépites qui, pesées et estampillées, étaient devenues des pièces. Un siècle plus tard, les fonderies du célèbre roi Crésus améliorent la technique de son prédécesseur en séparant l'or de l'argent et créant un premier système bimétallique de pièces de monnaies : un statère d'or, représentant 8,17 grammes d'or fin, valait dix statères d'argent, représentant 10,89 grammes d'argent. Le système lydien va progressivement s'étendre à l'ensemble de l'Orient, puis à la Grèce, et à l'ensemble de l'Europe méditerranéenne grâce au développement des échanges.
JASON ET LES ARGONAUTES
Suivant la légende, les Argonautes embarquèrent sur le navire Argo pour aller en Colchide (actuelle Georgie) conquérir la Toison d'Or, une toison de bélier que le roi Aiétès avait suspendue à un chêne et qu'il faisait garder par un dragon... Les Argonautes avaient construit leur vaisseau avec l'aide de la déesse Athéna. Ils étaient 50 (Thésée, Orphée, Hercule, Castor et Pollux, Augias, Pelée et Atalante, la seule femme.) qui, sous la conduite de Jason, traversèrent la Mer Égée et le Bosphore pour parvenir en Colchide. Au large de lactuelle Sinop (au nord de la Turquie), ils devaient passer entre les Symplégades, écueils colossaux qui nétaient pas fixés aux fonds sous-marins et sentrechoquaient en fracassant les bateaux qui se risquaient entre eux. Grâce aux conseils de loracle Phinée, ils atteignirent la côte de la mer Noire. Médée, la fille d'Aiétès, tomba amoureuse de Jason et l'aida à s'emparer de la Toison d'Or. Leur exploit accompli, les Argonautes repartirent pour la Grèce, en emmenant Médée, Une fois de retour, ils voulurent consacrer leur navire à Poséidon, le dieu de la mer, qui les avait protégés, mais Athéna, furieuse, changea le bateau en constellation.
HERCULE ET CERBÈRE EN TURQUIE
Hercule se serait enfoncé dans les enfers pour en ramener le chien Cerbère dans la ville dEregli (au sud-ouest de Zonguldak, mer Noire).
CHIMÈRE
Monstre fabuleux à deux têtes (lion et chèvre) à corps de lion et à queue de serpent qui désolait la Lycie (autour de Fethiye en Turquie). Elle fut tuée par Bellérophon monté sur Pégase.
A suivre...